Région Grand Est : sûreté nucléaire et radioprotection en 2024
En 2024, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant
À l’occasion de la parution du rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans la région Grand Est, les divisions de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne présentent conjointement les conclusions des actions de contrôle qu’elles ont menées tout au long de l’année 2024 en région Grand Est.
Ce qu’il faut retenir pour la région Grand Est
En 2024, les divisions de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne ont mené 164 inspections dans la région Grand Est, dont 62 dans les centrales nucléaires en exploitation, 10 dans les installations de stockage de déchets radioactifs et sur les sites des centrales nucléaires de Fessenheim et de Chooz A en démantèlement, 81 dans le domaine du nucléaire de proximité, 5 concernant le transport de substances radioactives et 6 concernant des organismes ou laboratoires agréés.
Les divisions de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne ont par ailleurs réalisé 15 journées d’inspection du travail dans les centrales nucléaires.
Au cours de l’année 2024, trois événements significatifs déclarés par les exploitants des installations nucléaires de la région Grand Est ont été classés au niveau 1 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES).
Dans le domaine du nucléaire de proximité, deux événements significatifs ont été classés au niveau 1 de l’échelle INES (un dans le domaine industriel et un dans le domaine médical) et trois événements significatifs concernant des patients ont été classés au niveau 1 de l’échelle ASN-SFRO.
Enfin, dans le cadre de leurs missions de contrôle, les inspecteurs de l’ASNR ont été amenés à effectuer un signalement en application de l’article 40 du code de procédure pénale, pour des suspicions de falsification dans une installation fabriquant des équipements à destination des installations nucléaires.
Le contrôle des centrales nucléaires de production d’électricité exploitées par EDF (Cattenom, Chooz B et Nogent-sur-Seine en fonctionnement, Chooz A et Fessenheim en démantèlement)
Centrale nucléaire de Cattenom
L’ASNR considère que les performances de la centrale de Cattenom se distinguent favorablement en matière de sûreté nucléaire, avec cependant des faiblesses en matière de surveillance des installations.
Les performances en maintenance sont restées satisfaisantes, grâce à une bonne organisation des interventions, une maîtrise du planning et une anticipation efficace des aléas.
La prévention du risque incendie, jusque-là en retrait, est en amélioration en 2024, en particulier sur la maîtrise des charges calorifiques ; l’incendie survenu hors zone contrôlée en juin 2024, à l’origine du déclenchement d’un plan d’urgence interne, a été géré efficacement.
En matière d’environnement, les progrès se confirment sur le confinement liquide et les installations de déshuilage, en revanche la consommation de produits biocides reste encore élevée. En radioprotection, si des avancées sont notées sur la gestion des contrôles radiographiques, des efforts sont encore attendus sur la maîtrise de la contamination. Enfin, plusieurs événements de sécurité au travail ont mis en évidence un besoin de renforcement de l’évaluation des risques lors de la préparation des chantiers.
Centrale nucléaire de Chooz B
L’ASNR considère que les performances de la centrale de Chooz B en matière de sûreté nucléaire et de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF, et qu’elles se distinguent favorablement dans le domaine de la radioprotection.
En matière d’exploitation des installations, des progrès sont attendus concernant la gestion des mises en configuration des circuits et le strict respect des documents de conduite des réacteurs. Concernant la maintenance, la gestion des arrêts pour rechargement du combustible a été satisfaisante. Des axes de progrès ont en revanche été identifiés concernant la maintenance des générateurs de vapeur et le suivi des équipements sous pression nucléaires.
Dans le domaine de la radioprotection, la propreté des installations est jugée satisfaisante et le site est en progrès. Des efforts sont toutefois attendus concernant la culture de radioprotection et la maîtrise du risque de contamination. S’agissant de la protection de l’environnement, l’organisation reste satisfaisante, bien que des lacunes ponctuelles aient été observées dans la gestion des effluents.
Réacteur en démantèlement de Chooz A
L’ASNR juge satisfaisantes les performances du réacteur en démantèlement de Chooz A dans les domaines de la sûreté nucléaire, de la protection de l’environnement et de la radioprotection.
En 2024, les activités ont été principalement consacrées à la préparation de la levée de la cuve du réacteur, prévue en 2025. Les actions engagées ces dernières années dans le domaine de la radioprotection sont de nature à faire progresser le niveau du site, même si des efforts restent à poursuivre pour réduire le nombre de contaminations internes sur les chantiers.
Centrale nucléaire de Fessenheim
L’ASNR considère que les préparatifs au démantèlement de la centrale de Fessenheim se poursuivent de manière sérieuse et conforme aux plannings.
L’année 2024 a été marquée par la tenue de l’enquête publique sur le dossier de démantèlement. Les activités préparatoires au démantèlement se sont déroulées de façon satisfaisante et conformément aux plannings prévus, avec notamment la finalisation des travaux de transformation de la salle des machines en une zone de gestion et d’entreposage des déchets radioactifs et la préparation au transport des générateurs de vapeur vers le site de traitement Cyclife en Suède. Les performances en radioprotection sont jugées globalement satisfaisantes.
Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine
L’ASNR estime que les performances de la centrale de Nogent-sur-Seine rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF en matière de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement et de radioprotection.
Concernant l’exploitation des installations, l’ASNR note une amélioration notable dans la gestion des consignations de matériels et des condamnations administratives, tout en soulignant un besoin d’amélioration dans la gestion des situations fortuites en salle de commande. Concernant la maintenance, les opérations se sont déroulées de manière satisfaisante durant l’arrêt du réacteur 2 pour rechargement du combustible.
Dans le domaine de la radioprotection, malgré de bons résultats concernant la propreté radiologique des chantiers, des écarts notables ont été relevés, notamment dans la gestion des sas d’accès aux chantiers de maintenance et dans l’entretien et le suivi des appareils de mesure de la radioactivité. Des progrès restent en outre à réaliser concernant la culture de radioprotection des intervenants. S’agissant de la protection de l’environnement, bien que la thématique soit mieux prise en compte, des améliorations restent attendues dans la gestion des rejets et du confinement des pollutions liquides.
Autres installations nucléaires
Centre de stockage de l’Aube
L’ASNR considère que le Centre de stockage de l’Aube est exploité dans des conditions satisfaisantes en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement.
Les inspections réalisées en 2024 ont relevé la robustesse du référentiel qualité relatif à la surveillance de l’environnement, ainsi qu’une organisation maîtrisée et adaptée aux enjeux pour le choix et la surveillance des prestataires.
Projet Cigéo
L’ASNR a poursuivi l’instruction technique de la demande d’autorisation de création (DAC) du projet Cigéo, que l’Andra a déposée le 16 janvier 2023 auprès de la ministre en charge de la sûreté nucléaire.
Ce processus d’instruction technique s’étend sur une durée prévisionnelle de trois ans, en étant jalonné de trois réunions du groupe permanent d’experts de l’ASNR pour les déchets, correspondant aux trois thématiques autour desquelles l’instruction technique s’articule :
- les données de base retenues pour l’évaluation de sûreté de Cigéo ;
- la sûreté en phase d’exploitation des installations de surface et souterraines ;
- la sûreté à long terme après la fermeture.
Un processus de concertation inédit a été mis en œuvre autour du processus d’instruction technique. Une vingtaine d’organisations ont ainsi été consultées préalablement à chaque saisine du groupe permanent d’experts, afin de prendre en compte leurs attentes et préoccupations dans le cadrage de l’instruction technique.
Le groupe permanent d’experts pour les déchets a déjà examiné, en avril et en décembre 2024, les deux premiers groupements thématiques. Les recommandations qui en résultent ont fait l’objet de demandes complémentaires de l’ASNR adressées à l’Andra. Le même processus est appliqué pour l’analyse de la dernière thématique, qui sera examinée fin juin 2025 par le groupe permanent d’experts.
Les recommandations et positions du groupe permanent d’experts pour les déchets qui ont été - ou seront – formulées contribueront à fonder l’avis que l’ASNR rendra sur la demande d’autorisation de création. Cet avis devrait être rendu durant l’automne 2025, ce qui permettra le lancement de la phase de consultation.
Domaine médical
En 2024, la radioprotection dans le domaine médical reste globalement satisfaisante, bien que plusieurs signaux faibles appellent à la vigilance. Des tensions sur les effectifs (MERM, physiciens médicaux, médecins), une externalisation mal encadrée de certaines missions (notamment en imagerie), ainsi qu’une progression rapide de la téléradiologie contribuent à une complexification des organisations de soins et à une dilution des responsabilités.
L’année 2024 confirme par ailleurs la forte dynamique d’innovation médicale au niveau national (notamment en radiothérapie et médecine nucléaire), qui présente des bénéfices importants mais aussi des enjeux nouveaux (identification des risques, gestion des déchets, évolutions des procédures, …).
En radiothérapie, les fondamentaux de sécurité sont en place mais les démarches de retour d’expérience s’essoufflent. La répétition d’erreurs de cibles souligne la nécessité de redonner du sens à ces démarches et le besoin d’actualiser les analyses de risques.
En curiethérapie, la radioprotection reste maîtrisée, bien que la sécurisation des sources de haute activité et le maintien des compétences nécessitent une vigilance accrue.
En médecine nucléaire, si les pratiques sont globalement correctes, des améliorations sont attendues sur la gestion des déchets, la sécurisation des processus d’administration des médicaments, ainsi que la formation continue des professionnels.
Des non-conformités persistent dans les pratiques interventionnelles radioguidées, notamment sur les règles techniques d’aménagement des installations, la formation à la radioprotection et la coordination avec les prestataires.
Domaines industriel, vétérinaire et de la recherche
Ces secteurs présentent une grande diversité d’activités, d’établissements et d’applications. En matière de radioprotection, l’appréciation de l’ASNR reste contrastée, dans la continuité des années précédentes. En particulier, l’ASNR note un maintien global des efforts mais des écarts persistants selon les secteurs, la maturité des structures et les ressources consacrées.
Concernant les laboratoires de recherche, le niveau de radioprotection est jugé globalement satisfaisant. Les conditions d’entreposage et d’élimination des sources scellées en fin de vie, des déchets et des effluents radioactifs constituent les principales difficultés rencontrées par les établissements de recherche.
Dans le domaine de la radiographie industrielle, l’ASNR constate que les entreprises ont, dans leur grande majorité, maintenu la rigueur nécessaire pour respecter les obligations réglementaires en matière de radioprotection.
Néanmoins, l’ASNR juge toujours préoccupantes les faiblesses récurrentes en matière de signalisation de la zone d’opération lors des chantiers. Elle souligne que le manque de préparation et de coopération, en amont des chantiers, entre les donneurs d’ordre et les entreprises de radiographie est une des causes de ces écarts. L’ASNR estime, plus généralement, que les donneurs d’ordre devraient privilégier, lorsque c’est possible, les prestations de radiographie industrielle dans des casemates et non sur chantier.
Fait marquant
Perte de contrôle d’une source de gammagraphie à Colmar avec des conséquences à l’extérieur du site.
Le 10 avril 2024 lors d’une opération de radiographie industrielle, les opérateurs n’ont pas été en mesure de ramener la source radioactive d’iridium-192 dans sa position de sécurité, à la suite du premier contrôle radiographique. Un débit de dose ambiant important a conduit à l’évacuation des entreprises et des habitations riveraines pendant une journée (une décision extrêmement rare, les événements de perte de contrôle de source de gammagraphie n’ayant généralement aucun impact pour le public).
Le lendemain, une intervention du fabricant de l’appareil de gammagraphie, des pompiers et de la sécurité civile a conduit à la réduction du débit de dose environnant, ce qui a permis de réduire considérablement la zone d’évacuation (à l’intérieur des limites du site de l’entreprise) et de lever l’ordre d’évacuation. Lors d’une intervention ultérieure, le fabricant a pu récupérer le contrôle de la source de gammagraphie et l’évacuer.
Pour plus d’informations sur l’événement, consulter la note d’information et son complément, publiés par l’ASNR sur son site internet.
Pour en savoir plus
Les divisions de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne assurent la mise en œuvre des missions de contrôle sur le terrain pour toutes les installations et activités nucléaires civiles en région Grand Est. Elles instruisent les demandes d’autorisation, vérifient la conformité à la réglementation relative à la sûreté nucléaire, à la radioprotection, à la gestion des équipements sous pression ainsi qu’à la protection de l’environnement. Elles assurent également l’inspection du travail dans les centrales nucléaires.
En cas de situation d’urgence radiologique, elles assistent les préfets dans la protection des populations. Elles participent en outre à la préparation des plans d'urgence. Les divisions de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne sont aussi actives dans l’information du public, notamment via les Commissions locales d’information (CLI), et entretiennent des liens avec les médias, élus, associations, exploitants et autorités locales.
Projet AMHYCO : mieux comprendre l’accident nucléaire grave
Projet AMHYCO : un projet européen pour mieux comprendre les risques d’accident grave en centrale nucléaire
Le projet AMHYCO (Towards an Enhanced Accident Management of the Hydrogen/CO Combustion Risk), financé par le programme de recherche Euratom H2020 et labellisé par la SNETP (Sustainable Nuclear Energy Technology Platform), a réuni 13 partenaires de 7 pays européens et du Canada, dont, pour la France, l’ASNR, présente aux côtés de Framatome et du CNRS Coordonné par l’Université Polytechnique de Madrid, le projet AMHYCO avait pour objectif d’améliorer la compréhension des phénomènes liés aux gaz combustibles (hydrogène et monoxyde de carbone) en cas d’accident grave dans une centrale nucléaire. Il s’inscrit dans la continuité du projet SAMHYCO NET.
Un enjeu de sûreté : maîtriser les gaz combustibles
Lors d’un accident grave dans une centrale nucléaire, l’hydrogène (H₂) et le monoxyde de carbone (CO) peuvent être produits et relâchés dans l’enceinte de confinement des réacteurs. Ces gaz inflammables peuvent conduire, en cas de combustion, à des charges en pression et en température capables de compromettre le fonctionnement des équipements nécessaires à la gestion des accidents graves ; ils peuvent aussi affecter l’intégrité de l’enceinte de confinement et entraîner, par conséquent, le rejet de matières radioactives dans l’environnement.
L’objectif du projet AMHYCO était de mieux comprendre ces phénomènes, et de proposer des solutions concrètes pour améliorer la gestion de ces risques.
Une approche expérimentale et collaborative
Le projet s’est appuyé sur des expériences en laboratoire pour affiner les modèles de la recombinaison1 catalytique de l’hydrogène et du monoxyde de carbone et de la combustion des mélanges représentatifs de l’atmosphère des enceintes de confinement en situation d’accident grave. Cela a permis aussi de définir des critères pour évaluer a priori le risque d’explosion en phase tardive d’un accident.
En outre, des simulations numériques de scénarios accidentels ont été menées pour mesurer le bénéfice des connaissances acquises.
Le séminaire de clôture s’est tenu à Madrid fin février 2025, rassemblant une soixantaine de participants. Il a marqué la conclusion de quatre ans et demi de recherche collaborative visant à améliorer la gestion des risques liés à la combustion de l'hydrogène et du monoxyde de carbone dans les centrales nucléaires européennes de génération II et III2.
Bilan technique et valorisation des résultats du projet
Le projet AMHYCO a atteint les objectifs scientifiques et techniques qui lui étaient assignés. Il a permis de produire une base de données expérimentales ainsi que des résultats de simulation de scénarios accidentels à l’aide d’outils de type LP (lumped parameter), 3D et CFD (computational fluid dynamics). Ces données ont été utilisées pour réviser les corrélations de recombinaison de référence, définir les domaines d’inflammation, et établir des critères d’accélération de flamme dans des conditions représentatives de la phase tardive d’un accident grave. Par ailleurs, certaines données expérimentales générées ont servi à l’organisation du benchmark ETSON-AMHYCO en lien avec le réseau ETSON (European Technical Safety Organisations Network). La réunion de clôture de celui-ci est prévue les 26 et 27 juin 2025 à Fontenay-aux-Roses.
1. Réaction permettant de consommer l’hydrogène ou le monoxyde de carbone de manière contrôlée
2. Le parc des réacteurs de production d’électricité actuellement en exploitation en France comprend un total de 56 réacteurs à eau sous pression (REP), dits « de génération II », et un réacteur EPR (European Pressurized water Reactor) est dit « de génération III ». (source site irsn.fr)
Pour en savoir plus

Région Centre-Val de Loire : sûreté nucléaire et radioprotection en 2024
En 2024, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection se maintient à un niveau satisfaisant
À l’occasion de la parution du rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans la région Centre-Val de Loire, la division d’Orléans de l’ASNR présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2024 en région Centre-Val de Loire.
Ce qu’il faut retenir pour la région Centre-Val de Loire
En 2024, l’ASNR a réalisé 170 inspections dans la région Centre‑Val de Loire, dont 123 dans des installations nucléaires des sites EDF de Belleville‑sur‑Loire, Chinon, Dampierre‑en‑Burly et Saint‑Laurent‑des‑Eaux, 38 dans le nucléaire de proximité, 4 sur le thème du transport de substances radioactives et 5 concernant des organismes ou laboratoires agréés.
L’ASNR a par ailleurs assuré 39 journées d’inspection du travail dans les quatre centrales nucléaires de la région.
En 2024, 11 événements significatifs classés au niveau 1 et un événement classé au niveau 2 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES) ont été déclarés à l’ASNR dans la région.
Domaine médical
En 2024, la radioprotection dans le domaine médical se maintient à un niveau satisfaisant, bien que plusieurs points de vigilance persistent depuis quelques années. Des signaux de dégradation de la culture de radioprotection sont en effet observés dans un contexte de tensions sur les effectifs, d’externalisation insuffisamment maîtrisée des missions de radioprotection et de complexification des organisations.
En radiothérapie, les fondamentaux sont en place mais le retour d’expérience s’essouffle. La répétition d’erreurs de latéralité souligne le besoin d’actualiser les analyses a priori des risques et de renforcer l’exploitation du retour d’expérience.
En curiethérapie, la radioprotection reste maîtrisée, bien que la sécurisation des sources de haute activité et le maintien des compétences nécessitent une vigilance accrue.
En médecine nucléaire des améliorations sont attendues sur le déploiement des systèmes de management de la qualité, la sécurisation des processus d’administration des médicaments et la formation des professionnels à la radioprotection des travailleurs.
Des non-conformités persistent dans les pratiques interventionnelles radioguidées, notamment sur la formation à la radioprotection et la coordination avec les prestataires. En scanographie, des lacunes dans la mise en œuvre du principe d’optimisation et dans l’habilitation des personnels ont motivé le lancement d’une campagne d’inspections en 2025 dans les cabinets dentaires utilisant des CBCT (Cone Beam Computed Tomography).
Domaine industriel, vétérinaire et en recherche des rayonnements ionisants
En 2024, le niveau de radioprotection dans les domaines industriel, vétérinaire et de la recherche reste contrasté, avec un maintien global des efforts mais des écarts persistants selon les secteurs, la maturité des structures et les ressources consacrées.
En radiographie industrielle, si les obligations de base sont généralement respectées des faiblesses persistent notamment sur la signalisation des zones d’opération sur les chantiers, et la coordination entre donneurs d’ordre et entreprises de radiographie.
Dans le domaine vétérinaire, le recours à des organismes externes pour la radioprotection ne doit pas conduire à une dilution des responsabilités.
Dans les laboratoires de recherche, les fragilités portent principalement sur la gestion des déchets radioactifs et la reprise des sources historiques,
Le contrôle des installations nucléaires de base
Centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire
L’ASNR considère que les performances de la centrale de Belleville-sur-Loire rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales d’EDF en matière de sûreté, de radioprotection et d’environnement.
La centrale nucléaire doit poursuivre ses efforts dans la gestion des configurations des circuits au travers du plan d’action qu’elle décline depuis début 2023. En outre, l’ASNR évaluera la robustesse du plan d’action visant à renforcer les fondamentaux de la radioprotection en 2025. Enfin, l’ASNR souligne positivement la mise en service de la nouvelle station de traitement des légionelles et amibes.
Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly
En 2024, l’ASNR considère que les performances de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly dans le domaine de la sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF. Les performances en matière de radioprotection et d’environnement rejoignent quant à elles cette appréciation générale.
Un plan de rigueur, visant à améliorer les résultats dans le domaine de la conduite, a été mis en place par le site suite à la dégradation des performances de la centrale en 2022. Des améliorations ont été constatées en 2024, notamment lors de l’inspection de revue, concernant le respect des règles générales d’exploitation et la gestion de la documentation. Néanmoins, les efforts doivent être poursuivis pour concrétiser les résultats au plus près du terrain.
Site de Chinon
Centrale nucléaire de Chinon
L’ASNR considère que les performances de la centrale nucléaire de Chinon se distinguent favorablement dans le domaine de l’environnement et rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF en matière de sûreté et de radioprotection.
Les performances de la centrale dans le domaine de la conduite se sont maintenues à un niveau satisfaisant. Des améliorations ont été notées dans la réalisation des tirs radiographiques. Toutefois, des progrès sont notamment attendues sur la gestion du risque incendie, la gestion des déchets et la préparation des chantiers. Dans le domaine de l’environnement, les performances de la centrale sont en progrès. Le site maîtrise ses rejets et le confinement liquide des substances dangereuses.
Réacteurs A1, A2 et A3 en démantèlement du site de Chinon
L’ASNR considère que le niveau de sûreté des réacteurs A1, A2 et A3 est satisfaisant, avec notamment une bonne préparation des chantiers de démantèlement.
Le plan d’action engagé par EDF à la suite des infiltrations d’eau dans plusieurs locaux des réacteurs A1 et A2 et de l’AMI en 2023 s’est révélé insuffisant pour éviter de nouvelles infiltrations lors d’un fort épisode orageux en juin 2024. Ce plan a depuis été renforcé, notamment par des mesures curatives et préventives complémentaires. Le suivi de ce plan d’action fait l’objet d’une vigilance particulière de l’ASNR en 2025.
Atelier des matériaux irradiés (AMI) du site de Chinon
L’ASNR considère que le niveau de sûreté de l’AMI est satisfaisant. Une vigilance particulière doit néanmoins être portée sur le suivi du génie civil et des infiltrations d’eau.
Site de Saint-Laurent-des-Eaux
Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux
L’ASNR considère que les performances de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux dans le domaine de l’environnement se distinguent favorablement par rapport à l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF. Néanmoins, dans les domaines de la sûreté et de la radioprotection, les performances sont en retrait par rapport à cette appréciation générale.
Les performances de la centrale en matière de sûreté et de radioprotection se sont dégradées en 2024. La préparation des chantiers et le suivi de la propreté radiologique des locaux doivent être améliorés. Plusieurs contaminations d’intervenants ont été constatées en 2024. En revanche, l’ASNR constate une nette amélioration du site sur la thématique incendie, grâce à la mise en œuvre d’actions fortes.
Réacteurs A1 et A2 en démantèlement du site de Saint-Laurent-des-Eaux
L’ASNR considère que le niveau de sûreté des réacteurs de Saint‑Laurent‑des‑Eaux A est satisfaisant. Une bonne tenue générale des locaux et des chantiers a été constatée.
Les opérations d’assainissement des sols dans la zone des anciens transformateurs du réacteur de Saint-Laurent A2, polluée aux hydrocarbures, ont débuté en 2024. Certains travaux de démantèlement, arrêtés en 2023 à la suite de la découverte de plomb dans les poussières des chantiers, ont repris après nettoyage des zones concernées.
Pour en savoir plus :
- Présentation de la conférence de presse, bilan 2024 - ASNR Orléans
(PDF - 1.15 Mo) - Communiqué de presse du 10 juin 2025 - ASNR Orléans
(PDF - 591.77 Ko)
La division d’Orléans de l’ASNR assure la mise en œuvre des missions de contrôle sur le terrain pour toutes les installations et activités nucléaires de son territoire. Elle instruit les demandes d’autorisation et contrôle l’application de la réglementation relative à la sûreté nucléaire, à la radioprotection, aux équipements sous pression, ainsi qu’aux installations classées pour la protection de l’environnement. Elle assure également la mission d’inspection du travail dans les centrales nucléaires.
En situation d’urgence radiologique, elle contrôle les dispositions prises par l’exploitant sur le site pour mettre l’installation en sûreté et assiste le préfet de département, responsable de la protection des populations. Elle participe également à l’élaboration des plans d'urgence établis par les préfets et aux exercices périodiques.
La division d’Orléans de l’ASNR contribue également à la mission l’information du public, notamment via les commissions locales d’information (CLI). Elle entretient des relations régulières avec les médias, les élus, les associations, les exploitants et les administrations locales.
Régions Bretagne et Pays de la Loire : sûreté nucléaire et radioprotection en 2024
En 2024, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant.
À l’occasion de la parution du rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans les régions Bretagne et Pays de la Loire, la division de Nantes de l’ASNR accompagnée de la division de Caen présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2024 en région Bretagne et Pays de la Loire.
Ce qu’il faut retenir
Pour la région Bretagne
En 2024, pour la région Bretagne, l’ASNR a réalisé 61 inspections, dont 3 de la centrale des Monts d’Arrée en démantèlement, 13 dans le domaine du transport de substances radioactives, 41 dans le nucléaire de proximité (21 dans le secteur médical, 20 dans les secteurs industriel, vétérinaire ou de la recherche) et 4 sur la radioactivité naturelle (le radon).
Un seul événement significatif a été classé au niveau 1 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES) dans le domaine vétérinaire. La défaillance d’un appareil électrique émettant des rayonnements ionisants a conduit à l’exposition d’un travailleur au-delà du quart de la valeur limite réglementaire annuelle.
Enfin, dans le cadre de leurs missions de contrôle, les inspecteurs de l’ASNR Nantes ont dressé un procès-verbal relatif à l’absence d’agrément d’une société réalisant des mesurages radon.
Pour la région Pays de la Loire
En 2024 également, pour la région Pays de la Loire, l’ASNR a réalisé 56 inspections, dont trois dans les installations de la société Ionisos à Pouzauges et Sablé sur Sarthe (deux sur le thème de la sûreté nucléaire et une sur le transport de substances radioactives). Trois de ces inspections concernaient des organismes agréés, et 50 ont été réalisées dans le nucléaire de proximité (20 dans le secteur médical, 29 dans les secteurs industriel, de la recherche ou vétérinaire et une dans le domaine de la radioactivité naturelle, le radon).
Par ailleurs, aucun événement significatif n’a été classé au niveau 1 ou plus de l’échelle internationale des risques nucléaires et radiologiques (échelle INES).
Le contrôle des installations nucléaires (Brennilis, Pouzauges et Sablé-sur-Sarthe)
Monts d’Arrée EL4 D (Brennilis)
L’ASNR considère que la conduite du projet de démantèlement de la centrale de Brennilis reste satisfaisante. Elle a délivré, en 2024, toutes les autorisations nécessaires à la mise en œuvre des opérations de démantèlement complet. Au cours de cette même année, EDF a pu poursuivre ses travaux préparatoires au démantèlement complet.
Néanmoins, l’ASNR souligne que la découverte d’amiante a conduit au retardement de la remise à niveau des ponts de manutention nécessaires aux opérations de retrait des canaux combustibles de la cuve, sans toutefois que cela ne remette en cause la date de début des opérations prévue en 2027. EDF doit continuer de veiller au traitement de l’ensemble des infiltrations et garantir, dans les délais prévus, la mise à niveau des installations vis-à-vis du risque incendie.
L’ASNR encourage aussi EDF à continuer ses actions visant à mieux encadrer les modalités d’entreposage et à définir les filières de gestion des déchets non immédiatement évacuables. L’exploitant doit améliorer son organisation en ce qui concerne la prise en compte de ce risque.
En 2025, l’ASNR portera une attention particulière à l’application du nouveau référentiel de démantèlement complet de l’installation et à la maintenance des équipements.
Installations d’ionisation de Pouzauges et de Sablé-sur-Sarthe
L’ASNR estime que le niveau de sûreté des irradiateurs de Pouzauges et de Sablé-sur-Sarthe est resté stable par rapport à l’année précédente. Après plusieurs départs survenus en 2023, l’exploitant a restructuré ses équipes dédiées à la sûreté et a mis en place une nouvelle organisation. Un plan d’action visant à garantir la conformité aux exigences réglementaires applicables aux installations nucléaires de base (INB) a été présenté à l’ASNR en septembre 2024. L’ASNR portera une attention particulière en 2025 à sa mise en œuvre effective et au respect des engagements pris, notamment en matière de hiérarchisation des priorités et d’adéquation des moyens mobilisés au regard des enjeux de sûreté.
En parallèle, plusieurs demandes de modification notable ont été déposées en 2024 : pour le site de Pouzauges, l’une relative à la prolongation d’utilisation des sources radioactives au-delà de dix ans, et une autre concernant la modification de la cuve d’appoint en eau déminéralisée de la piscine. Une demande similaire de prolongation de sources a été déposée pour le site de Sablé-sur-Sarthe. Par ailleurs, une modification du référentiel de sûreté a été approuvée en mai 2024.
Domaine médical
En 2024, la radioprotection dans le domaine médical reste globalement satisfaisante, bien que plusieurs signaux faibles appellent à la vigilance. Des tensions sur les effectifs (manipulateur d'électroradiologie médicale, physiciens médicaux, médecins), une externalisation mal encadrée de certaines missions (notamment en imagerie et physique médicale), ainsi qu’une progression rapide de la téléradiologie contribuent à une complexification des organisations de soins et à une dilution des responsabilités.
En radiothérapie, dans une période d’évolution des techniques avec notamment des matériels et outils numériques nouveaux (comme pour le contourage automatique des organes), les fondamentaux de sécurité sont en place avec des démarches qualité bien engagées. Le besoin d’actualiser les analyses de risques et de faire vivre le retour d’expérience est toujours d’actualité, dans une période de recrudescence des événements indésirables.
En médecine nucléaire, si les pratiques sont globalement conformes et la prise en compte de la radioprotection des patients jugée bonne, des améliorations sont attendues sur la gestion des déchets, la sécurisation des processus d’administration des médicaments, ainsi que sur la formation continue des personnels.
Des non-conformités persistent dans les pratiques interventionnelles radioguidées, notamment sur le respect des règles d’aménagement des locaux, en termes de formation à la radioprotection pour les professionnels et de coordination avec les prestataires extérieurs. En scanographie, des lacunes dans la mise en œuvre du principe d’optimisation et dans l’habilitation des personnels en particulier dans le cas de téléradiologie sont relevées. L’utilisation des CBCT par les chirurgiens-dentistes reste insuffisamment maitrisée par méconnaissance des équipements et défaut d’optimisation, ce qui justifie la mise en place d’une campagne d’inspection nationale par l’ASNR dans ce domaine en 2025.
Domaines industriel, vétérinaire et en recherche des rayonnements ionisants
Dans ces secteurs très hétérogènes, la radioprotection reste globalement maîtrisée, mais l’ASNR relève des écarts persistants entre établissements.
En radiographie industrielle, si les obligations de base sont généralement respectées, des failles demeurent dans la signalisation des chantiers, la mise en œuvre des vérifications réglementaires et la coordination entre donneurs d’ordre et entreprises de radiographie. L’ASNR recommande à nouveau de privilégier les opérations en casemate. En 2024, un tiers des inspections a révélé une mauvaise utilisation du radiamètre lors du contrôle de retour de la source notamment.
Dans les laboratoires de recherche, les fragilités portent principalement sur la gestion des déchets radioactifs et la reprise des sources historiques, souvent freinées par un manque d’anticipation budgétaire.
En secteur vétérinaire, la réglementation est globalement bien appliquée pour la radiologie des animaux de compagnie. Des lacunes subsistent toutefois lors des actes réalisés hors établissements ou sur grands animaux, et certaines structures en non-conformité ont nécessité la réalisation d’inspections
La prévention du risque lié au radon
Le radon est la première source d’exposition aux rayonnements ionisants de la population française et la seconde cause de cancer du poumon derrière le tabac. La géologie est un facteur déterminant pour définir le potentiel radon des territoires.
En Bretagne et Pays de la Loire, entre 65 % et 93 % des communes des départements (hors Sarthe) de ces régions sont situées dans des zones à potentiel radon significatif.
Pour en savoir plus
- Présentation de la conférence de presse Bilan 2024, ASNR Nantes (PDF - 2 Mo)
- Communiqué de presse du 13 juin 2025, ASNR Nantes (PDF - 0.3 Mo)
Région Auvergne-Rhône-Alpes : sûreté nucléaire et radioprotection en 2024
En 2024, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant
À l’occasion de la parution du rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, la division de Lyon de l’ASNR présente les conclusions des actions de contrôle menées en 2024 en région Auvergne-Rhône-Alpes [1].
Ce qu’il faut retenir pour la région Auvergne-Rhône-Alpes
En 2024, l’ASN a réalisé 339 inspections dans la région Auvergne‑Rhône‑Alpes, dont 115 dans les centrales nucléaires du Bugey, de Saint‑Alban, de Cruas‑Meysse et du Tricastin, 100 dans les usines, les installations de recherche et les sites en démantèlement, 89 dans le nucléaire de proximité, 15 dans le domaine du transport de substances radioactives (TSR) et 20 concernant les organismes et laboratoires agréés par l’ASN.
L’ASN a par ailleurs réalisé 22 journées d’inspection du travail, dans les quatre centrales nucléaires et sur le site de Creys‑Malville.
En 2024, 21 événements significatifs classés au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (échelle INES) ont été déclarés à l’ASN, dont 19 survenus dans les installations nucléaires de base (INB) et deux dans le nucléaire de proximité. Par ailleurs, un événement significatif pour la radioprotection survenu sur la centrale nucléaire du Tricastin a été classé au niveau 2 de l’échelle INES et un événement, relatif à l’irradiation par erreur d’une zone saine lors du traitement d’un patient par radiothérapie, a été classé au niveau 2 de l’échelle ASN‑SFRO (échelle spécifique pour les événements de radioprotection affectant des patients dans le cadre d’une procédure de radiothérapie).
Enfin, dans le cadre de leurs missions de contrôle, les inspecteurs de l’ASN ont dressé un procès- verbal relatif aux conditions de prévention des risques liés aux rayonnements ionisants pour les travailleurs d’une entreprise de radiographie industrielle. Dans le cadre de la même inspection, un signalement, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale et relatif à une potentielle tromperie sur une prestation de service, a été adressé au procureur de la République.
Domaine médical
En 2024, la radioprotection dans le domaine médical reste globalement satisfaisante, bien que plusieurs signaux faibles appellent à la vigilance. Des tensions sur les effectifs (manipulateur en électroradiologie médicale, physiciens médicaux, médecins), une externalisation mal encadrée de certaines missions (notamment en imagerie médicale), ainsi qu’une progression rapide de la télé radiologie contribuent à une complexification des organisations de soins et à une dilution des responsabilités.
Fait marquant
L’année 2024 confirme par ailleurs une accélération de l’innovation thérapeutique, avec l’émergence de techniques comme la radiothérapie interne vectorisée (RIV), la radiothérapie flash ou l’installation d’équipements compacts comme le ZAP-X®. Ces évolutions appellent une adaptation rapide du système de soins pour garantir une prise en charge sécurisée.
L’appropriation des enjeux de radioprotection sur l’ensemble de la chaîne depuis la conception jusqu’à la gestion des déchets et effluents est indispensable, tout particulièrement dans l’accompagnement de l’innovation, et constitue un sujet de vigilance pour l’ASN.
Domaine industriel, vétérinaire et en recherche des rayonnements ionisants
Ces secteurs présentent une grande diversité d’activités, d’établissements et d’applications. En matière de radioprotection, l’appréciation de l’ASN reste contrastée, mais dans la continuité des années précédentes. En particulier, l’ASN note un maintien global des efforts mais des écarts persistants selon les secteurs, la maturité des structures et les ressources consacrées.
Focus sur la radiographie industrielle
En raison de leurs enjeux en radioprotection et des risques associés, la radiographie industrielle, en particulier la gammagraphie, reste un secteur prioritaire. En 2024, l’ASN a réalisé 26 inspections chez des opérateurs de ce secteur en Auvergne-Rhône-Alpes. Si les obligations de base sont généralement respectées par les opérateurs, des failles demeurent dans la signalisation des chantiers, la mise en œuvre des vérifications réglementaires et la coordination entre donneurs d’ordre et entreprises.
Le contrôle des centrales nucléaires de production d’électricité exploitées par EDF (Bugey, Saint-Alban, Cruas-Meysse et Tricastin)
Centrale nucléaire du Bugey
L’ASN considère que la centrale nucléaire du Bugey est exploitée et maintenue de façon assez satisfaisante dans le contexte d’un programme industriel chargé. L’ASN relève que le site se distingue sur certaines thématiques comme la gestion du risque incendie. Il est toutefois à noter que la quatrième visite décennale du réacteur 3, la dernière du site, a subi de nombreux aléas.
Les performances de la centrale en matière de radioprotection des travailleurs et de protection de l’environnement se sont améliorées et la sécurité des travailleurs s’est maintenue à un niveau satisfaisant malgré le contexte industriel chargé.
Centrale nucléaire de Saint-Alban
L’ASN considère que la centrale nucléaire de Saint-Alban est exploitée et maintenue de façon satisfaisante dans un contexte d’activité industrielle soutenue. Les arrêts pour rechargement des réacteurs ont été conduits dans des conditions de sûreté satisfaisantes.
Les performances de la centrale en matière de radioprotection et de sécurité des travailleurs sont satisfaisantes. L’ASN considère que le traitement des aléas techniques impactant les dispositifs de protection de l’environnement est en amélioration
Centrale nucléaire de Cruas-Meysse
L’ASN considère que le plan d’amélioration de la rigueur d’exploitation, mis en place en 2023 par la centrale de Cruas-Meysse et prolongé en 2024, doit être poursuivi, dans le contexte d’un programme industriel chargé. La quatrième visite décennale du réacteur 3, la première du site, a été réalisée dans des conditions de sûreté satisfaisantes.
En matière de radioprotection, des améliorations des pratiques ont été observées en 2024 mais les premiers résultats de l’année 2025 ne sont pas à l’attendu. En matière de protection de l’environnement, les performances de la centrale sont stables, toutefois l’ASN attend des améliorations. En matière de sécurité des travailleurs, les résultats du site en 2024 sont satisfaisants mais ceux du début 2025 appellent à la vigilance.
Centrale nucléaire du Tricastin
L’ASN considère que les performances de la centrale du Tricastin en matière de sûreté nucléaire sont satisfaisantes. La quatrième visite décennale du réacteur 4, la dernière du site, s’est déroulée dans des conditions de sûreté satisfaisantes.
En matière de radioprotection, les contrôles de l’ASN ont montré des points de fragilité, particulièrement concernant la propreté radiologique pendant les arrêts de réacteur. En matière de protection de l’environnement, l’organisation du site pour répondre aux exigences réglementaires a progressé. En matière de sécurité des travailleurs, les résultats du site sont satisfaisants, mais en retrait par rapport à l’année 2023.
Autres installations nucléaires
Site Orano du Tricastin
Les installations du « cycle » du Tricastin couvrent principalement les activités de l’amont du « cycle du combustible » et sont exploitées par Orano Chimie‑Enrichissement dénommé « Orano » ci‑après : L’installation TU5 ; l’usine W ; les anciennes installations ex‑Comurhex et l’usine de conversion Philippe Coste ; l’ancienne usine d’enrichissement Georges Besse I ; l’usine d’enrichissement Georges Besse II ; les parcs uranifères ; les ateliers de maintenance, de traitement des effluents liquides et de conditionnement de déchets ; le laboratoire Atlas ; une installation nucléaire de base secrète.
À l’issue des inspections qu’elle a conduites en 2024, l’ASN considère que le niveau de sûreté des installations du site Orano du Tricastin est satisfaisant et que l’exploitant s’est amélioré en matière de radioprotection des travailleurs. Le retard dans le projet d’extension de l’usine W qui traite l’uranium appauvri et dans le traitement du passif historique fait l’objet d’une attention soutenue de l’ASN.
Usines Framatome de fabrication de combustibles nucléaires de Romans-sur- Isère
L’ASN considère que le niveau de sûreté des installations de Framatome est satisfaisant. L’exploitant a entrepris depuis 2017 la création d’une nouvelle zone uranium aux standards de sûreté améliorés. Après des retards, Framatome s’est mobilisé pour terminer ce chantier et l’Autorité a autorisé en novembre 2024 sa mise en service.
Réacteur à haut flux (RHF) de l’Institut Laue-Langevin
Au regard des actions de contrôle conduites en 2024, l’ASN considère que le RHF est exploité dans des conditions de sûreté satisfaisantes. L’année 2024 a été marquée par la mise en œuvre de modifications visant à améliorer la sûreté de l’installation, avec des travaux d’ampleur sur le système de lutte contre l’incendie et le renforcement sismique du pont polaire de manutention.
Réacteur Superphénix et atelier pour l'entreposage du combustible (APEC) de Creys-Malville
L’ASN considère que la sûreté des opérations de démantèlement du réacteur et d’exploitation de l’APEC est satisfaisant. L’année 2024 a été marquée par la fin du démantèlement du bouchon couvercle du cœur et le transfert du faux sommier de la cuve du réacteur, pièce massive activée et particulièrement irradiante, vers un atelier de découpe téléopéré réalisé dans le bâtiment réacteur.
Pour en savoir plus :
- Présentation de la conférence de presse, bilan 2024 - ASNR Lyon
(PDF - 2.16 Mo) - Communiqué de presse du 10 juin 2025 - ASNR Lyon
(PDF - 591.77 Ko)
La division de Lyon de l’ASNR assure la mise en œuvre des missions de contrôle sur le terrain pour toutes les installations et activités nucléaires civiles en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle instruit les demandes d’autorisation, vérifie la conformité à la réglementation relative à la sûreté nucléaire, à la radioprotection, à la gestion des équipements sous pression ainsi qu’à la protection de l’environnement. Elle assure également l’inspection du travail dans les centrales nucléaires.
En cas de situation d’urgence radiologique, elle assiste les préfets dans la protection des populations et participent à la préparation des plans d'urgence. La division de Lyon est aussi active dans l’information du public, notamment via les Commissions locales d’information (CLI), et entretient des liens avec les médias, élus, associations, exploitants et autorités locales.
[1] L’ASNR, née de la réunion au 1er janvier 2025 de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), a élaboré ce rapport. Les activités 2024 sont exprimées au nom de l’ASN et les considérations plus générales ou de projections sont exprimées au nom de l’ASNR.
« Opérations résilience » : l’ASNR se mobilise pour informer et sensibiliser le public au risque nucléaire
L’ASNR contribue « au développement d'une culture de radioprotection chez les citoyens* ». En mai et juin, elle a ainsi participé à trois événements labellisés « Journée nationale de la résilience » visant à développer la connaissance du risque nucléaire, à transmettre les bons comportements et à développer la résilience collective. Elle a accueilli plus d’un millier d’élèves sur ses différentes animations.
Village Atom’Investigation à Rouxmesnil-Bouteilles (22 au 24 mai 2025)
Organisée par la commission locale d’information nucléaire (CLIN) Paluel/Penly et l'Institut français des formateurs risques majeurs et protection de l’environnement (IFFO-RME) avec le soutien de la préfecture de la Seine-Maritime à Rouxmesnil-Bouteille (76), l’opération a proposé des actions de sensibilisation et de protection vis-à-vis du risque nucléaire.
Dans un territoire qui accueille deux centrales nucléaires (six réacteurs) sur les sites de Paluel et de Penly, la protection vis-à-vis du risque concerne 210 communes et 193 000 habitants.
L’ASNR a proposé trois animations : ses moyens mobiles de mesure de la radioactivité dans l’environnement, un jeu de rôle sur la reconquête d’un territoire contaminé par la radioactivité et son exposition « Radioactivité, découvrir pour comprendre » donnant lieu à de nombreux échanges avec le public. Un collaborateur de l’ASNR a également animé le stand Open Radiation, un projet destiné à encourager la mesure de la radioactivité par le public.
700 élèves (du CM au BTS) ont pu bénéficier d’une vingtaine d’animations proposées par les partenaires (ASNR, Anccli, CLIN, EDF, sécurité civile, etc.). Une réunion publique a également été organisée jeudi 22 mai sur le thème de l’incidence du changement climatique sur les centrales nucléaires. Elle a réuni 80 personnes.
Village des risques à Gravelines (23 et 24 mai 2025)
Ce village, organisé par le Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles (SPPPI) Côte d’Opale Flandre et la commission locale d’information (CLI) de Gravelines était dédié à la prévention des risques naturels et technologiques. Une vingtaine d’animations étaient proposées par les différents partenaires (ASNR, CLI, EDF, MAIF, protection civile, SDIS, etc.).
Le territoire de Gravelines a la particularité de compter plusieurs sites Seveso, une centrale nucléaire dotée de six réacteurs, des transports de matières dangereuses. Il est également exposé à des risques naturels (inondation).
Près de 450 collégiens ont pu bénéficier des trois animations proposées par l’ASNR : moyens mobiles de mesure de la radioactivité sur les personnes ; stand « Risque nucléaire, je sais quoi faire » dédié aux bons réflexes en cas d’urgence, ainsi qu’un stand institutionnel tenu par la division de Lille de l’ASNR qui a permis de répondre aux questions du public. Un collaborateur de l’ASNR a également participé au stand Open Radiation.
Village des risques d’Amiens (12 et 13 juin 2025)
L’ASNR a participé à cet événement organisé par la préfecture de la Somme dans le cadre de la Foire Exposition de Picardie. Son stand « Risque nucléaire, je sais quoi faire » dédié aux bons réflexes en cas d’alerte a accueilli plus de 120 élèves du CM à la 5e.
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À travers des animations pédagogiques, des ateliers participatifs, des échanges, l’ASNR vise à donner à chacun – et en particulier aux jeunes, résidant à proximité d’une centrale nucléaire – les clés pour comprendre la radioactivité, adopter les bons réflexes et devenir acteur de sa propre sécurité.
Pour en savoir plus
- Culture de sécurité et de radioprotection : sensibilisation des publics au village de la résilience de Belleville-sur-Loire
- Atom’Investigation à Castelsarrasin : développement de la culture de radioprotection des jeunes
- Découvrir et comprendre la radioactivité - Exposition Radioactivité
- Open Radiation
*Loi n° 2024-450 du 21 mai 2024 relative à l'organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection.